Il est assez rare que je m'attable à Tarbes, ce n'était d'ailleurs arrivé qu'une fois jusqu'à présent, au Trait Blanc. Oh! et à l'aérodrome, mais ça... il y a prescription c'était il y a longtemps.
D'habitude je continue de longer les Pyrénées jusqu'à Pau car certes Henri VI y avait ses poules, mais moi j'y ai mes vieux pots, et j'peux vous dire que la confiture y est bonne!
Tarbes n'est pas une ville qui me fascine et vu le nombre de charrettes au sortir de l'autoroute, nombre de haricots vont chercher pitance un peu plus loin le long de l'A64!
Pourtant, on est là en pays de Bigorre, patrie du porc noir, et vous savez que je l'aime l'animal!
D'ailleurs faites comme moi, ayez l'air passionné par le paysage, cela passera aisément car il est vraiment magnifique, et sortez à la sortie après Tarbes (quand vous roulez direction Toulouse). De là, filez droit direction les montagnes et au bout d'un petit moment, après avoir salué bœufs et agneaux pyrénéens broutant ferme, vous amorcerez la descente vers Bagnères de Bigorre.
Il ne vous restera plus qu'à aller acheter votre porc Noir (ou blanc d'ailleurs , il est superbe) chez Hervé Sancho (MOF boucher) à la boucherie des 2 Ponts. Vous serez alors obligé de reconnaître que je suis un as des raccourcis...
Revenons-en à notre Petit Gourmand, car gourmand je le suis et j'ai faim.
Oh mais je ne vous ai pas raconté, la semaine précédente j'étais à Angoulême. Dans la descente de la gare, de charmants motards habillés aux couleurs de la patrie me font de grands signes, "sont bien urbains ces hommes là" me dis-je, puis les v'là qui me font face, qui me bloquent carrément la route et qui tapent à ma fenêtre. Ni une ni deux, je sors de la voiture, mets les mains sur le capot prêt pour la fouille en gueulant 'i've got right!
"Vous êtes en sens interdit monsieur", "mais dans mon souvenir...", "vot' souvenir y doit dater m'sieur, circulez", "merci m'sieur le motard".
Et bien en fait j'ai fait la même chose devant le Petit Gourmand, quelle idée aussi de mettre une 2 voies en sens interdit, mais heureusement là, ce ne sont pas des motards qui me l'ont signalé mais une horde de tires en mode appels de phare...
Bref me voilà attablé au Petit Gourmand, le cadre n'est pas merveilleux, il fait un peu sombre, l'hiver pourrait contribuer à une certaine ambiance mais avec 27°C dehors, c'est pas la joie...
La serveuse, à l'image du cadre manque un peu d'allant, sa jeunesse pourrait la porter sur une verve plus enchantée mais elle reste là, stoïque, à demander pour la 4ème fois si j'ai choisi le vin...
Elle ne connait visiblement pas la valeur de sa carte des vins, sinon elle m'aurait laisser m'en réjouir tranquillement, m'en inspirer par tous les pores, baver! D'ailleurs je ne vous en direz rien, certains petits malins seraient capables de faire des kilomètres pour elle...
Ensuite, Madame "Petit Gourmand" a pris les choses en main niveau glouglou et c'était nettement mieux!
Niveau cuisine, il y a matière a trouver un accompagnement très sympa au bon boire, la poêlée de cèpes, œuf poché et jus de viande était parfaite, là où certains ne mettraient que de jolis cèpes bouchons, ici c'est du cèpe à la campagnarde, comme aurait pu le faire mon grand-père et d'autres cantalous, ceux là qui préfèrent le bon gros cèpe limite vérolé au plus distingué, petit et joliment dodu. Ils m'ont rappelé l'ami Thierry Lavergne (La Bombardière à Cuq Toulza mais surtout Cantalou!) qui après avoir brillamment balancer du Sandre, des écrevisses et du filet de Salers lors de mon mariage, m'envoyait en plein après midi une poêlée de ris d'agneau aux cèpes copieusement arrosée en me faisant justement le sempiternel laïus campagnard sur les bons gros cèpes verdissants, à moi le "jeune cuisinier fleuriste"...
Un très bon tartare accompagné de grosses patates à la graisse d'oie suivra, dans son jus, assaisonnement parfait, bref, un très bon déjeuner, simple et bien executé.
Mais, car il y a un Mais. Ce qui me turlupine dans les affaires familiales, car c'en est une, c'est justement la famille. Ça peut être génial mais un brin poussiéreux, et souvent dans des angles difficiles à atteindre...
Quand on sait que le fiston est revenu travailler avec ses parents aprés un long séjour parisien dans les cuisines de Camdeborde, Doucet et J-F Piège, on a envie de trouver plus que des plats "signatures" tels que le dos de merlu au laurier, fusillis aux coquillage" datés... (celui-ci de 1990). Pas une révolution non, mais juste un petit coup d'allant.
Bon évidemment, tout ce que je viens de raconter est rendu nul si les gosses ne valent pas tripette! Mais ça il n'y a qu'eux qui le savent...
Là n'était pas le sujet, j'ai bien déjeuné au Petit Gourmand, et c'est ça le principal! En plus, ils doivent avoir à n'en pas douter la plus jolie carte des vins de la ville... et ça, c'est grâce à la famille par contre... So long!
Le Petit Gourmand . 62 av Bertrand Barere . 65 Tarbes . 05 62 34 26 86